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MON AMANTE Extraits

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Message par Mimose-Marie Gontier Sam 1 Nov - 20:14

MON AMANTE
Mimose-Marie Gontier




# 1er extrait


Chapitre 1



Il marchait à pas lents un peu saccadés au rythme du biniou serré sous son bras gauche. Une musique des dieux Celtes, pleurant, riante, mystérieuse comme cette mer en furie, ce vent hurlant, telles des voix d’augures d’elfes, l’accompagnant dans ses accords. Elle faisait rougir de bonheur les bruyères anamorphosées si timides auprès du ciel orageux et des hortensias en file indienne, comme une danse païenne autour de ce magicien à l’allure princière d’un autre temps. Ainsi était Soankar de Ker. En habit noir, pantalon et sweater à manches longues, chaînes et croix, des bottes à boucles, son regard ombrageux fixait l’horizon lointain avec mélancolie, les falaises hirsutes battues par le vent et la mer en furie bleu cobalt couvrant de lumières éphémères le décor majestueux.
C’était une île sauvage aux allures fantomatiques qui vous marquait de sa beauté comme un coup de poing. Presque déserte, perdue au milieu nulle part, bretonne, orgueilleuse, sans nom ! Elle était bien vivante et hostile à tout venant, avoisinant  Guernesey. Seul Soankar de Ker demeurait le maitre privilégié de ces lieux. Il avait tout juste vingt-cinq ans. Sa sveltesse le faisait paraître plus grand que la réalité. Tel un chevalier celte, ses cheveux noirs étaient très courts aussi sombres que son regard fascinant maquillé de rouge et d’ombre sous des sourcils hachurés qui encadraient un beau visage au nez fin et aux pommettes saillantes, un menton carré et une bouche remarquable dont la lèvre gauche inférieure  était ornée d’un piercing argenté. Tout ceci était accompagné de breloques cabalistiques à l’oreille en argent ajouré et rondelles de cuir noir. Tout cet accoutrement outrancier serait à la limite de la vulgarité sur n’importe qui d’autre, mais pas sur Soankar. Cela définissait au contraire toute sa virilité étrange et fascinante. Il était unique que ce soit en costume, en jeans, en jupe ou en robe noire comme celle des anciens grands sorciers des forêts légendaires celtiques. Une classe extraordinaire ! Une élégance extrêmement naturelle ! C’était là tout son charme.
 Malgré sa grande jeunesse, cet homme qui marchait au rythme de sa musique tel un troubadour, laissait traîner derrière lui des effluves à l’odeur de sang. Sang de son cœur brûlé, aux failles importantes imprégnées du goût âcre de poudre interdite. Les fleurs du mal l’avaient trop consommé. Il avait tout perdu pour avoir trop vécu. Mais c’était fini. A présent, sa vie devait se métamorphoser, redevenir plus saine avec un cœur pur qui avait brûlé ses ailes. N’avait-il pas tout perdu en voulant tout avoir, la célébrité, l’amour, les femmes, l’argent et cet enfant qu’il n’avait pas compris ? Il avait tout fait pour l’obtenir et le garder. Il ressemblait à cette musique qu’il portait comme une faute, une rupture de l’âme que traduisait à merveille ce biniou de souffrance aux sons si beaux, trop ensorcelants comme avait été sa vie. Cette célébrité qui avait tout tué. Il saignait. Son inconscient saignait : il avait perdu à jamais sa raison de vivre, Carry sa femme si fragile qu’il avait cassée comme une vulgaire poupée et son petit garçon, ce bébé d’un an qu’il avait si peu connu. Désormais, elle avait retrouvé son Inde natale, sa famille. Le divorce avait été l’enfer qui le faisait vivre comme un zombie, un mort vivant qui ne savait plus à quoi se rattacher. A part cette île sauvage, refuge de pêcheur, rédemption peut-être ! Cet air poignant qu’il jouait, le préféré de sa femme, lui entrait dans le cœur comme des griffes acérées. Il pleurait avec les incantations musicales gaéliques qui n’arrivaient pourtant pas à faire taire tout cet afflux saignant de son âme déchiquetée. Il faisait corps avec l’âpreté de cette île désenchantée, cruelle, au goût amer de souffrances, de remords. Elles semblaient collées à ses semelles au vent comme une errance éternelle.
Le manoir s’offrit tout à coup trônant sur la verte colline qui dominait l’ile. Ses yeux s’embuèrent de souvenirs des étés passés en famille. Même tous les vieux pins rabougris courbés par le vent lui faisaient mal. Cette bâtisse de son enfance brumeuse, solide, rude en grosses pierres de taille et briques rouges ombrageuse, aux fenêtres gris clair, surprenait dans ce décor de folie comme un berceau, un havre de repos après la tempête. Métamorphose aléatoire ! Quel abri contre la souffrance, le désarroi, la culpabilité ? Désormais cet homme devenait le seul maître de son destin. Sa seule planche de salut, son dernier espoir de survivre, de s’en sortir de l’enfer de sa damnation, c’était de retrouver l’affection de son fils adoré.

# 2ème extrait


Ce matin-là très tôt, il était sorti à cheval pour se libérer de toute cette force noire qui le possédait encore. Mais ce que la délicieuse gouvernante ignorait, c’était que son protégé était toujours rebelle, désespéré, suicidaire. Il chevaucha à toute allure, sans selle « Feu d’enfer », les cheveux au vent, tel Heathcliff sur la lande rose-rouge comme du sang. Il ne voyait rien de la beauté du site à couper le souffle. Il galopait comme un fou pour  calmer sa tempête intérieure. Il n’avait aucun but précis, sauf celui peut-être d’en finir avec tout ce mal qui l’étouffait encore. A peine remarqua-t-il l’absence dans le box de la jument baie « Véronèse ». Dans le chemin étroit qui parcourait la lande, Soan ne sentait que la griserie de la vitesse du cheval aussi noir que son cœur. Tout à coup, un autre cavalier aussi fougueux que lui surgit du seul virage caché par les pins un peu couchés. Ce dernier le croisa les cheveux en bataille flottants au vent. « Feu d’enfer » surpris fit un violent écart qui déstabilisa son cavalier sans selle, choqué par cette apparition intempestive. Dans l’espace d’un éclair, le responsable avait ralenti son allure pour s’arrêter plus loin. C’était Yseult Derey. Morte d’inquiétude, celle-ci attacha sa monture à un arbre, accourut vers le pauvre cavalier allongé sur le côté du chemin, et qui ne bougeait plus. La jeune femme était la fille du « berger souriant », nièce d’Annette. Elle était venue en week-end dans l’île, pour se reposer de ses longues semaines de veille en tant que médecin à Guernesey. S’étant montrée aussi imprudente que le propriétaire du manoir… malgré la selle à son cheval. Elle s’approcha très vite de l’homme étendu dans la bruyère en fleurs. Elle aperçut tout de suite le sang qui maculait les fleurs roses. Du coup perdant toute réserve, Yseult le secoua légèrement. Soan, un peu groggy, ouvrit les yeux. Encore sous le choc, il ne reconnut pas tout de suite la longue silhouette gracile au visage pâle sous des cheveux roux. Une rage folle le prit soudainement, le faisant se redresser.
– Vous êtes folle ! Vous avez failli me tuer… et vous aussi ! De quel droit êtes-vous ici ? L’apostropha-t-il en la regardant durement…

# 3ème extrait


Elle était telle qu’il l’avait peinte, splendide en couleur de camaïeu rose or et violet. Un ravissement ! Son créateur dut s’arrêter comme tétanisé devant cette déesse venue d’ailleurs : Mince, élégante toute en finesse, une peau dorée comme du velours, une toison si longue  brune comme de la soie. Le beau visage rosi par les embruns, la bouche entrouverte rouge ressemblant à une grenade avec des dents de perles si blanches, elle avait glissé son voile sur ses épaules, les bras aux poignets si fins ornés de bracelets comme ses délicats petits pieds nus ceints de clochettes. La lèvre inférieure un peu gonflée était telle qu’il l’avait faite, les seins parfaits pointant sous la brassière qui laissait voir sa peau d’ambre ainsi que son ventre si plat découvrant un nombril diamanté. Le pantalon transparent et serré aux chevilles ne cachait rien de sa beauté parfaite, une taille si fine cambrée et des fesses de rêve..
 Un régal pour le peintre abasourdi et l’homme bouleversé par un tel prodige. Un bonheur pour les yeux et le cœur, surtout ce regard vert d’eau clair maquillé de knoll sur les longs cils épais qui fascinait. Mille fois plus belle que son modèle ! Étincelante ! Ravissante ! Ils se regardèrent tous les deux avec autant d’admiration étonnée, comme statufiés sur place…

# 4ème extrait


C’était vraiment les yeux fermés que Soankar avait dessiné son autre toile de sa Rani nue. L’idée lui était venue à sa demande ingénue, réalisant de  cette manière son phantasme masculin d’homme sevré depuis tant de mois de solitude. Ses mains l’emportaient, glissaient faisant naître une Shilah plus vraie que nature. Un corps de femme divin, allongée languissante un sourire d’extase sur la bouche en fleur, n’omettant aucun détail de sa sensualité qui lui faisait trembler les mains comme s’il la caressait. Créant ce portrait qui l’accompagnait dans son délire, combien de fois l’avait-il désirée faisant en imagination de cette toile un objet de luxure ? La créature était si vivante, offerte à ses mains marbrées de couleur ocre rose pour sa peau, de noir pour ses longs cheveux lisses et de rouge passion pour cette bouche qu’il aurait voulu mordre.
Elle était subliminale quand épuisé, presque à l’aurore, le peintre tomba de sommeil sur le canapé de son atelier, nu, heureux et inassouvi. Tout à coup, sur l’oreiller dans les bras de Morphée, il sentit un parfum d’encens et de fleurs. Des longs cheveux lisses lui caressaient la joue. Les paupières closes, il avança la main, dessina le visage, le cou de cygne, les seins  ronds, tout le corps consentant tout contre lui. Alors il crut devenir fou, voulut s’éloigner quand d’une main légère comme un oiseau, elle le caressa frôlant de folie son corps d’homme nu.
Puis elle le chevaucha avec ivresse, lui bâillonnant la bouche des ses lèvres affamées. Son cœur palpita, il frissonna tout son corps tendu à l’extrême. Elle faisait de lui sa chose. Alors les mains de l’artiste s’affolèrent sur ce corps nu, ces seins en bourgeons durs, la taille fine aux jambes fuselées qui s’accrochèrent à lui comme une liane.  Soankar perdit la notion du bien et du mal.
– C’est vrai Shilah ? Mon dieu c’est tellement vrai, tu es à moi ! Je te possède, ce n’est pas la toile…
 
 

La suite dans le livre sur Amazon.fr en version papier et numérique. 
Mimose-Marie Gontier
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