L'archange de la terre (Claude-Aimé Motongane)

auteur : Claude-Aimé MOTONGANE
Titre : L'ARCHANGE DE LA TERRE
éditeur :
parution : 2010
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Le poste de télévision débite le bilan de l’année 2100. Le journaliste évoque une année noire. Jamais selon lui, la Terre n’a connu une telle hécatombe. La nature s’est déchainée du premier au dernier jour. On n’avait jamais vu les forces des éléments se déchaîner, au-delà de tous les seuils jusque là connus. Tous les indicateurs critiques sont au rouge. Même la galette des rois, entamée pour fêter l’épiphanie, n’arrive plus à dérider ceux qui la consomment : les plus accrocs trouvent qu’elle possède un goût amère, tant les nouvelles sont moroses.

Les prévisionnistes ont perdu tous leurs repères. Jusqu’à l’année 2015 on avait encore des saisons compréhensibles. Quand on pense, que l’on a démarré l’année 2100 avec un hiver radieux, où le muguet pousse dans les jardins de Paris, pourrait faire sortir de leurs tombes, tous ceux qui ont y vécus des siècles auparavant. On a fréquemment vu skier, dans les hauteurs des Alpes durant le mois de Juin. Jamais la neige n’a été autant abondante, d’autant plus qu’elle est tombée durant tout le printemps et l’été. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi, le monde ne revient pas sur un nouveau découpage des saisons. En réalité c’est plus compliqué que cela, les spécialistes se sont déjà posés la question. Que faire, d’une année à l’autre toutes les hypothèses mutent ? Il est exclu d’arrêter un choix arbitraire. Aujourd’hui, l’automne peut survenir aussi bien en Janvier, qu’en Mai. Cela signifie tout simplement, qu’une saison peut démarrer à n’importe lequel des douze mois. Lors des compétitions, les plus grands skieurs proviennent de l’Afrique. Actuellement, on y trouve les zones les plus froides du monde. Et c’est bien aussi là, que les températures ont le plus chuté. Que dire de la Banquise entièrement fondue des années auparavant ? Les pays tempérés connaissent un climat épouvantable : il y fait de plus en plus chaud. Quelle appréciation porter pour tous ces fleuves qui sortent de leurs lits ? Les animaux meurent de maladies inconnues et incurables. Et pour comble de malheur, les séismes, les tremblements de terres, les tsunamis, les éruptions volcaniques, les ouragans et toutes sortes de catastrophes naturelles se sont donné rendez-vous, pour agir de concert dans toutes les places du monde.

D’un pas pressé l’homme parcourt les grandes allées du Vatican. Il franchit une première porte, à l’aide d’une clé spéciale. Il s’engouffre dans un long couloir, puis après une centaine de mètres, il rejoint l’aile où se trouve la bibliothèque apostolique du Vatican. Il ouvre un petit bureau à l’aide d’une autre clé. En face de lui, se trouve dans la grande pièce des centaines de milliers de volumes. De nombreux chercheurs habilités viennent du monde entier, pour étudier un fond de 150 000 volumes mis à leur disposition. On trouve plus de 1 100 000 imprimés dont 8 3000 sont incunables.

Le père Vittorio étudie depuis des années le Codex Vaticanus, le plus ancien manuscrit complet de la Bible. Certains passages demeurent inexpliqués. Que d’heures il a passé à essayer de traduire des versets qui lui semblent ambigus. Une fois par jour, il s’accorde une pause pour parcourir les pièces non accessibles au grand publique. Plus d’une fois, il se rend compte que le Vatican possède de véritables chefs d’œuvres littéraires. Certains ouvrages sont les uniques pièces existantes dans le monde entier.

Il est près de vingt-heures le Père Vittorio, après une journée harassante, décide de faire un dernier tour parmi ses livres préférés. Il saisit au vol un ancien ouvrage, du cinquième siècle sur Moise de Khorène. Il feuillète les pages relatant l’existence, qu’avaient alors les arméniens. Au moment où il s’apprête, à ranger la magnifique œuvre à sa place, il heurte l’étagère. Ses doigts rencontrent une encoche invisible. Involontairement il y exerce une pression. Un bruit strident retentit à la droite, au même moment une oubliette méconnue s’ouvre.