L sur le fil instable de la vie (Jean-Louis Vallois)
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L sur le fil instable de la vie (Jean-Louis Vallois)
Il faut souvent goûter pour savoir si la recette va prendre...alors un petit extrait pour commencer?
"Dans cet état second, ses mains s’étaient accrochées au volant de sa vieille voiture. Là dessus, les dents serrées sur ce capharnaüm d’émotions destructrices provoquaient des douleurs à la mâchoire. Et Odette Boulin, assise toute raide à ses côtés, se sentait complètement ignorée. Jusqu’à l’obsession, l’imagination de Pascal contemplait Seydou caressant, enlaçant le corps de la femme aimée. Impossible de fixer son attention sur autre chose ! Ses pensées se nourrissaient de ces ignominies. Ce n’était pas la chaussée, les feux tricolores, les bus, les voitures, les boutiques, les piétons, qui s’offraient à la prunelle de ses yeux mais une insupportable profanation de personnes…Dans son rétroviseur, il les apercevait distinctement tous les deux. A chaque fois, ils s’éteignaient sauvagement. Ces images lui devenaient insupportables et rebrousseuses de bonnes attentions. Déjà en sortant du parking où son véhicule était stationné, lui, habituellement si calme lorsqu’il conduisait, avait manqué d’emboutir une Mercedes. Ensuite dans Noisy-le-Sec, il avait brûlé tous les feux et avait haussé les épaules avec exaspération, lorsqu’Odette lui avait dit :
- Ce n’est tout de même pas la peine d’avoir un accident ! Ça n’arrangera pas nos affaires !
Sous une chape d’étanchéité due au chagrin, tout sombrait dans ses pensées et tout remontait de l’estomac. Une véritable bile teintée d’amertumes se nourrissait d’une profusion de sentiments opposés ou d’un magma de désillusions passées. Tout attisait son irascibilité, à commencer par le fruit du présumé comportement de ce Seydou. Inacceptable ! Comme tous les membres du DAL, Pascal l’avait épaulé, il croyait même être devenu son ami. Il ne lui réclamait pas un peu de gratitude, seulement ce chien, oui ce chien, lui volait, lui arrachait la femme qu’il convoitait et çà, il répugnait à l’absoudre. Pire, dans la remontée des rancœurs, Pascal isolait L, pour mieux signaler sa responsabilité. Cette diablesse était entrée, un jour, dans son monde, l’avait séduit, accroché par ses mystères, repoussé, fui, ensorcelé de tous les bruissements intérieurs, s’était donnée sans réserve jusqu’à le contraindre, aujourd’hui, à agir ainsi, à braver le danger en ne respectant pas les conseils de prudence qu’un grand-père aurait pu prodiguer ! Elle s’était moquée de lui. Ça oui ! A ce nouvel épisode douloureux s’imposa alors une quasi-certitude: elle ne l’aimait pas ! Ce n’était qu’une menteuse, une …"
Jean-louis Vallois Editions Persée
"Dans cet état second, ses mains s’étaient accrochées au volant de sa vieille voiture. Là dessus, les dents serrées sur ce capharnaüm d’émotions destructrices provoquaient des douleurs à la mâchoire. Et Odette Boulin, assise toute raide à ses côtés, se sentait complètement ignorée. Jusqu’à l’obsession, l’imagination de Pascal contemplait Seydou caressant, enlaçant le corps de la femme aimée. Impossible de fixer son attention sur autre chose ! Ses pensées se nourrissaient de ces ignominies. Ce n’était pas la chaussée, les feux tricolores, les bus, les voitures, les boutiques, les piétons, qui s’offraient à la prunelle de ses yeux mais une insupportable profanation de personnes…Dans son rétroviseur, il les apercevait distinctement tous les deux. A chaque fois, ils s’éteignaient sauvagement. Ces images lui devenaient insupportables et rebrousseuses de bonnes attentions. Déjà en sortant du parking où son véhicule était stationné, lui, habituellement si calme lorsqu’il conduisait, avait manqué d’emboutir une Mercedes. Ensuite dans Noisy-le-Sec, il avait brûlé tous les feux et avait haussé les épaules avec exaspération, lorsqu’Odette lui avait dit :
- Ce n’est tout de même pas la peine d’avoir un accident ! Ça n’arrangera pas nos affaires !
Sous une chape d’étanchéité due au chagrin, tout sombrait dans ses pensées et tout remontait de l’estomac. Une véritable bile teintée d’amertumes se nourrissait d’une profusion de sentiments opposés ou d’un magma de désillusions passées. Tout attisait son irascibilité, à commencer par le fruit du présumé comportement de ce Seydou. Inacceptable ! Comme tous les membres du DAL, Pascal l’avait épaulé, il croyait même être devenu son ami. Il ne lui réclamait pas un peu de gratitude, seulement ce chien, oui ce chien, lui volait, lui arrachait la femme qu’il convoitait et çà, il répugnait à l’absoudre. Pire, dans la remontée des rancœurs, Pascal isolait L, pour mieux signaler sa responsabilité. Cette diablesse était entrée, un jour, dans son monde, l’avait séduit, accroché par ses mystères, repoussé, fui, ensorcelé de tous les bruissements intérieurs, s’était donnée sans réserve jusqu’à le contraindre, aujourd’hui, à agir ainsi, à braver le danger en ne respectant pas les conseils de prudence qu’un grand-père aurait pu prodiguer ! Elle s’était moquée de lui. Ça oui ! A ce nouvel épisode douloureux s’imposa alors une quasi-certitude: elle ne l’aimait pas ! Ce n’était qu’une menteuse, une …"
Jean-louis Vallois Editions Persée
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
L sur le fil instable de la vie
encore un extrait...
"Dans tout ce fouillis intérieur, je cherche une parole. Une parole qui aurait pu être réconfortante ou simplement m’expliquer le sens des choses et des événements. Bref, une parole partagée, entre une mère et sa fille, tel ce pain qu’elle préparait parfois. Mais rien ! Je me sens toujours encastré entre moi-même et mes souvenirs incongrus. Mais pourquoi celui-ci, celui de ma mère, prise par cet homme, a-t-il ressurgi dans ma Renault 14? Et cette nuit ? J’étais une petite fille qui réfléchissait trop, je suis devenue une jeune fille à la sensibilité exacerbée et je ne fais plus que ça : réfléchir.
Chez les autres les miroirs réfléchissent la lumière ; moi je suis un verre poli où les lettres et les mots se succèdent de gauche à droite, pour mieux être lus dans l’obscurité d’une mémoire !
Un miroir aux alouettes !"
"Dans tout ce fouillis intérieur, je cherche une parole. Une parole qui aurait pu être réconfortante ou simplement m’expliquer le sens des choses et des événements. Bref, une parole partagée, entre une mère et sa fille, tel ce pain qu’elle préparait parfois. Mais rien ! Je me sens toujours encastré entre moi-même et mes souvenirs incongrus. Mais pourquoi celui-ci, celui de ma mère, prise par cet homme, a-t-il ressurgi dans ma Renault 14? Et cette nuit ? J’étais une petite fille qui réfléchissait trop, je suis devenue une jeune fille à la sensibilité exacerbée et je ne fais plus que ça : réfléchir.
Chez les autres les miroirs réfléchissent la lumière ; moi je suis un verre poli où les lettres et les mots se succèdent de gauche à droite, pour mieux être lus dans l’obscurité d’une mémoire !
Un miroir aux alouettes !"
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
un nouvel extrait
Pascal repoussa gentiment le chat du bout de son pied puis se décida enfin à tourner la clé, un frisson de crainte toujours présent dans le creux de sa main. La porte s’ouvrit ! Eclairé par la lumière du palier, il risqua un pas, puis deux ! Rien ne s’approcha, nul ne s’enfuit ! Personne en apparence ! Sans sa locataire, l’appartement lui parut aussitôt très étranger, imprégné d’une forte odeur de renfermé et de poussière digne des rentrées de vacances. De plus, les volets clos plongeaient la pièce à explorer dans une certaine obscurité oppressante.
L’homme chercha l’interrupteur à tâtons. La peur de découvrir un corps allongé sur le sol dictait alors son attitude. Heureusement, l’appartement ne paraissait pas bien spacieux : une entrée, une salle à manger, une cuisine, une petite chambre, une salle de bain et des toilettes. Par conséquent, un rapide regard circulaire dans les pièces, ramassa l’absence et l’admit aussitôt. Puis, de suite, fut acceptée l’idée que Lydie devait avoir déserté les lieux depuis plusieurs jours. Mais, dans cet appartement son pas se sentait un peu intrus, limite un peu voleur. Néanmoins, ce malaise fébrile n’empêchait pas ses doigts, ses pupilles de fouiller plus minutieusement, à la recherche d’un quelconque indice lui permettant d’appréhender la situation. Et désarçonné par ce vide incompréhensible, son raisonnement accepta de changer rapidement de ressenti ou de statut, pour glisser progressivement de celui de malfaiteur en détective.
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
Re: L sur le fil instable de la vie (Jean-Louis Vallois)
ça a l'air prometteur !
Tuppence- Messages : 27
Date d'inscription : 02/12/2009
Re: L sur le fil instable de la vie (Jean-Louis Vallois)
Oui, j'ai de bons retours des lecteurs
JLV
JLV
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
Encore ...un petit peu...
Depuis quelques jours déjà, ça trotte dans ma tête. Mais c’est seulement ce soir que j’ai décidé d’aborder méthodiquement la sinistre réalité de mon enfance. Oui, bien entendu, je suis la seule à pouvoir la raconter. Alors, de flash en flash, de pas à pas maladroits, je vais m’évertuer à le faire, ou plutôt à le refaire chaque soir. Et comme je me suis toujours sentie habitée par une étrangère, je vais parler de L, mon double suspendu sur un fil fragile… Ainsi de cette façon, peut-être lèverai-je l’énigme de cette créature esquissée sur ce papier à la troisième personne du singulier? Mais suis-je capable de me photographier moi-même ? Ainsi…
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
Re: L sur le fil instable de la vie (Jean-Louis Vallois)
Bonjour Jean-Louis,
Ne manque-t-il pas le résumé de votre livre avant d'entrer dans le vif du sujet. j'ai tout lu, mais pour aller plus loin dans le fond, je me suis projetée chez votre éditeur, pour tout simplement en apprendre un peu plus sur vous.
Voici une description de sentiments intéressante, d'autant plus que vous changez de peau. Mais il n'est pas facile de se faire une idée sans lire le commencement de l'histoire. Je pense qu'il serait bon de présenter un peu le livre. Merci en tout cas.
Je vous souhaite une belle journée.
Amicalement
Léa Colett
Ne manque-t-il pas le résumé de votre livre avant d'entrer dans le vif du sujet. j'ai tout lu, mais pour aller plus loin dans le fond, je me suis projetée chez votre éditeur, pour tout simplement en apprendre un peu plus sur vous.
Voici une description de sentiments intéressante, d'autant plus que vous changez de peau. Mais il n'est pas facile de se faire une idée sans lire le commencement de l'histoire. Je pense qu'il serait bon de présenter un peu le livre. Merci en tout cas.
Je vous souhaite une belle journée.
Amicalement
Léa Colett
Léa Colett- Messages : 31
Date d'inscription : 14/10/2014
L sur le fil instable de la vie
Vous avez certainement raison mais je ne suis pas très attiré par les résumés. Lorsque j'achète un livre , je préfère picorer quelques passages puis me fier à mon instinct. Je vais quand même suivre votre conseil.
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
Résumé
Qui se cache réellement derrière L ou Lydie?
S’agit-il de cette petite fille timide et apeurée, face à l’attitude de sa mère, que l’on construit à la troisième personne du féminin au rythme des désillusions ?
Ou bien parlons-nous de cette quadragénaire sombrée dans la dépression, voire le mal être permanent et cultivé ?
L, s’imagine-t-elle dans le rôle du toréador face au taureau ? En effet, embarquée dans la conquête de l’amour, cette femme l’esquive à l’instant suprême.
Mais pourquoi ?
Autre facette du personnage : danseuse consumée dans un squat ou tout simplement provocatrice inconsciente ?
Jusqu’au bout du drame, L éparpillera son image de plus en plus insolente et incompréhensive envers ses proches. Et sur route, des personnages également en détresse : sa mère, des sans domicile fixe, un amoureux obstiné, un Malien persécuté, une femme qui sombre dans l’alcoolisme…
De flash en flash, d’espoir en dégringolade, je vous invite à découvrir Lydie dans sa désespérance et sa déconstruction jusqu’à renaître de ses cendres. Cette histoire vous transportera également dans les années 60 et 90, en Seine et Marne, Seine Saint Denis, dans le Val d’Oise puis aboutira dans l’Atlantique.
Et reste toujours en filigrane cette réflexion :
Où sont les limites de la destruction de cette naufragée dont le but ultime consiste à réveiller son âme originale, celle non déformée par l’éducation ?
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
un dernier extrait...
Oui, aujourd’hui, pour la première fois depuis trois jours, je n’ai pas vomi et les flots me trimbalent. Je suis dans le vent !
Que dire encore à propos de ce trait apposé sur mon douloureux passé ? Deux ou trois petites choses ! Hormis les vagues, les zéphyrs ou alizés marins, les autres bruits m‘indiffèrent! Et Maman repose en paix dans la terre de Seine et Marne. Toutefois, des anecdotes me reviennent à ce sujet.
Ainsi, au fond de la fosse entrouverte, le cercueil reposait au- dessus de celui mon père. Je devais, comme on le fait souvent en la circonstance, y jeter un peu de terre dessus. Or, sans m’en rendre compte, je me suis vue lâcher une pierre sèche sur le bois. Il y eut un léger bruit sec, la pierre avait rebondi par deux fois et après plus rien …C’était donc ça la vie !
jean-LouisV- Messages : 12
Date d'inscription : 05/10/2014
Localisation : Val d'Oise
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